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 AGNI

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baghera
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baghera


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Date d'inscription : 12/02/2009

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MessageSujet: AGNI   AGNI EmptySam 2 Mai - 23:58:28

LES SYMBOLES

I. AGNI. SYMBOLIQUE DU FEU

Y a-t-il, dans la nature, de grandes et permanentes manifestations des Asuras? La réponse vient d'elle- même, puisque c'est le spectacle de la nature qui a servi de base à la doctrine des Principes de vie, et qui l'a suscitée. C'est par une suite d'observations, vagues et générales si l'on veut, mais très-réelles et généralement justes, que les Aryas sont parvenus à cette théorie. Nous pourrions donc, en mettant de côté tout ce que la science des temps postérieurs et surtout la science moderne y ont ajouté, reprendre les mêmes faits, les envisager de la même manière, et nous verrions que l'ordre des idées nous conduirait naturellement aux mêmes résultats. Ce retour sur le passé n'est point impossible, puisque nous avons le Vêda lui-même pour nous guider. S'il y a quelques lacunes dans l'explication qu'il donne de ses propres symboles, et dans l'exposition des idées par lesquelles on s'est élevé des faits naturels aux Asuras, ces faits sont généralement assez précis, assez saisissants et assez bien décrits dans les Hymnes, pour que nous puissions, aidés du Vêda, rétablir le lien qui les unit à la doctrine religieuse fondée sur eux.

Or, c'est une opinion vulgaire que le grand dieu de l'Inde, comme de la Perse, était le Soleil. Cette opinion est fausse. Elle a de plus le défaut de supposer que dans ces contrées l'on adorait un objet matériel, un astre, ce qui est absolument erroné. Le cierge qui brûle sur l'autel, le vin, l'eau, le pain, ne sont point les objets adorés par les chrétiens, non plus que l'agneau de pierre ou d'or ou la colombe, symboles de Jésus et de l'Esprit. D'ailleurs ce n'est point l'Asura du ciel, celui dont le Soleil est le char, qui était la première et la principale conception symbolique des Aryas. Qu'on le nomme Indra, .B'aga, Sav)tri ou de tout autre nom, cet être céleste n'est que la seconde forme ou manifestation du grand principe de vie. Celui-ci est Agni.

Nous allons passer en revue successivement les principaux points de vue, d'où les Aryas ont envisagé le principe igné qui est Agni.

I.
C'est d'abord simplement le feu, nommé agni qui est le latin ignis et dont la racine se retrouve en grec dans d~//.y.ôç, arfa, aùyr,, et dans plusieurs autres mots. C'est en effet un des plus grands phénomènes de la nature et l'un de ceux qui se mêlent le plus ordinairement à la vie de l'homme, que celui du feu. Les Aryas le tiraient, par le frottement, des deux pièces de bois composant Varanl, et non du caillou frappé avec le fer et faisant jaillir une étincelle. Ce dernier procédé n'est nulle part mentionné dans le Rig-Vêda, fait intéressant à plusieurs titres, surtout si l'on observe la manière dont on se procurait le feu chez les plus anciens Sémites et chez les peuples des autres races voisines des Aryas. Le feu apparaissait
lentement au point de contact des deux pièces de bois ; on lui fournissait alors les aliments les plus combustibles ; il grandissait, s'enflammait, consumait la matière sèche ou liquide destinée à le nourrir ; puis il diminuait par degrés, s'affaissait sur lui-même, s'éteignait, et ne laissait après lui qu'une tache noire et un petit monceau de cendres. Ce développement du feu offre, comme on le voit, une période assez semblable à celle de la vie d'un animal : celle-ci commence par être très-faible et même insaisissable, grandit, arrive à sa maturité, puis décroît, s'affaisse et s'éteint ; et le corps ne laisse sur le sol qu'une pourriture, puis une tache et un peu de terre.

Or, le feu peut se produire de cette même manière en tout lieu, en tout temps ; et les périodes par lesquelles il passe s'accomplissent toujours de la même façon. Cette ubiquité, cette uniformité du grand phénomène conduit à penser que la cause d'où il vient est elle-même partout présente et toujours prête à agir : en effet, ce n'est pas seulement avec les deux espèces de bois dont Varani se compose, que le feu peut être mis au jour ; il s'engendre de même, plus ou moins lentement et après un,effort plus ou moins prolongé, au moyen de toute sorte de bois. Ces arbres qui se balancent devant ma fenêtre, cette table où j'écris, cette chaise où je suis assis sont autant de matières dont je pourrais composer des aranîs; de telle sorte que le feu pourrait être tiré de toutes les substances végétales. C'est ce que rendait très-clair aux yeux des Aryas, la propriété qu'ont toutes ces substances, sans exception, de pouvoir servir d'aliments au feu. Ils en concluaient avec vraisemblance que le feu est répandu dans toutes les plantes, et qu'ainsi chaque feu qui s'allume n'est qu'une simple manifestation locale et temporaire d'un principe igné universel.

Or une vertu singulière réside dans le feu et lui constitue une sorte de vie : lorsque, par la force d'un mouvement rapide, il a été tiré du bois, il s'accroît de lui-même, sans le secours de personne, pourvu seulement qu'il trouve des aliments à sa portée ; si les aliments ne lui faisaient pas défaut, il pourrait s'étendre à l'infini et embraser toute la terre. L'homme qui lui avait donné naissance, par une simple opération de ses mains, ne tarde pas à reculer devant lui, à le reconnaître pour son supérieur, et à voir qu'il existe en lui une force active véritablement irrésistible.
Tel est Agni. Ce n'est plus simplement ce petit foyer destiné à cuire des aliments; c'est une grande puissance, à laquelle le monde tout entier succomberait, si elle venait à se tourner contre lui toute entière.

L'union de cet être puissant et du feu du foyer est marquée dans l'hymne suivant de Dîryatamas (i, 344), pris entre beaucoup d'autres.

A Agni.

Le dieu, en prenant une forme apparente, se distingue par sa substance lumineuse, qu'il doit à la force dont il est né. Une fois produit, il est fortifié par la prière, et les voix du sacrifice le soutiennent et l'accompagnent.

Les offrandes constituent une de ses formes. Nos libations la perpétuent dans le foyer où il réside...

Quand les seigneurs et maîtres du sacrifice ont, par la force, tiré Agni de l'asile où gisait sa forme auguste; quand ils l'ont, suivant l'antique usage, alimenté du miel des libations, Mâta- ricwan (le Vent) vient dans le foyer exciter son ardeur.

Cependant les diverses offrandes du père de famille sont apportées ; et Agni monte rapidement dans les branches du bûcher. Ce n'est plus alors la jeune et faible lueur, qui brillait quand ses deux mères venaient de lui donner le jour.

Bientôt il pénètre dans les branches encore intactes, qui sont, aussi ses mères; il s'étend, il s'élargit. Il envahit d'abord les plus élevées, et, toujours plus pressé, il va plus loin en attaquer de nouvelles...

Mais voici que l'Adorable a changé de forme : agité par le vent, il a courbé sa taille, et il produit, en résonnant, des espèces de tourbillons.
Toujours brillant, il brûle en divisant ses voies, et en laissant des traces noires de son passage.

Partant comme un char, il se dresse en crêtes roûgeâtres; dont il va frapper le ciel. Aussitôt, loin de sa clarté, fuient les ténèbres, de même que les oiseaux se cachent des ardeurs du Soleil.

Par toi, ô Agni, apparaissent et Varuna qui aime le beurre consacré, et Mitra, et le bienfaisant Aryaman. Dans tes œuvres successives tu sembles te multiplier; tu t'entoures d'autres êtres, comme la roue de ses rayons.

Agni, en faveur de l'homme qui t'adresse des hymnes et de précieuses libations, ô toujours jeune, tu viens à cette fête célébrée en l'honneur des dieux. Enfant de la force, source de tout bien, Feu nouveau, nous t'honorons.... dans l'œuvre du sacrifice....

Qu'il nous entende, le Sacrificateur aux belles clartés, aui chevaux rapides, au char magnifique. Que l'heureux et prudent Agni se rende à nos vœux et nous conduise rapidement vers le bonheur et la richesse.

Nous avons célébré Agni, qui, par la vertu de ses feux puissants, est vraiment roi souverain....

Considéré de ce simple point de vue tout physique, Agni porte dans le Vêda plusieurs noms dont voici les principaux. C'est Hari le Jaune, Rita le Brillant, Samidâa l'Enflammé; et, dans un degré plus élevé de personnification, Tapurmûrdclan à la Face-brûlante, Hiranyahasta au Bras-d'or; Tanûnapât mangeur de son corps ou enfant de son corps ; Vâjin plein de nourriture ; Çyâva le Noir.

Un premier mystère préside aux naissances successives et multipliées d'Agni. Que le feu soit en quelque sorte caché dans les matières combustibles, dans le bois par exemple, c'est ce que l'on peut admettre sans hésiter ; mais quand cette sorte d'agent universel est mis au jour par le simple frottement, il y a là un phénomène mystérieux et tout à fait surprenant. L'habitude nous le fait regarder avec une sorte d'indifférence. Toutefois, malgré le perfectionnement que la science moderne a apporté dans la préparation de Yaranî, transformée, par l'addition de matières phosphorées et oxigénées, en appareils beaucoup plus commodes, le mystère est toujours le même. Les analyses chimiques ont donné les formules des corps et de leurs combinaisons; la physique a découvert et énoncé les lois de la chaleur. Mais nous nous tromperions étrangement, si nous croyions avoir expliqué dans son principe le phénomène de la combinaison des corps et du développement de la chaleur et de la lumière. Je crois même pouvoir dire que la solution d'un tel problème n'est pas du domaine de l'observation, et que par conséquent la théorie de l'Asura Agni ne serait guère plus déplacée aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a quatre ou cinq mille ans. Il ne s'agit plus en effet ici du fait purement matériel de l'inflammation des corps ; il s'agit de la cause même et de l'origine des mouvements qui s'accomplissent dans les profondeurs infinies de la matière.

Les Aryas ne tardèrent pas non plus à s'apercevoir que les liquides ne contiennent pas moins que le bois un principe igné. Tels sont particulièrement les liquides fermentés, parmi lesquels le sôma tenait le premier rang. Ce mot qui veut dire extrait peut également être dérivé de la racine su, engendrer, et être compris dans le sens de liqueur de génération ou eau de vie. Bien que le sens d'extrait soit probablement le sens primitif, on vitaussi dans
le sômaun symbole : ce ne fut pas seulement un aliment pour Agni et un principe de force courageuse pour Indra et pour les guerriers, ce fut encore une image des liquides, au moyen desquels se transmet et s'entretient la vie dans les animaux et dans les plantes. D'ailleurs un fait non moins général frappait la vue : la cnaleur du feu solaire, dont il sera parlé plus
bas, en pénétrant dans la terre et les eaux, soulevait des vapeurs qui, invisibles d'abord, allaient visiblement se condenser le long des flancs des collines, sous la figure de nuages floconneux et légers. Ces nuages grossissant toujours devenaient comme de vastes réservoirs où s'accumulait, pour ainsi dire, le feu qui les avait produits; et quand ils en étaient chargés outre mesure, les Aryas voyaient ces feux s'en échapper subitement avec lumière et avec bruit, et les eaux redescendre en pluie sur la terre, d'où la chaleur les avait tirées. Ce grand phénomène, auquel ils assistaient toujours, leur montrait bien que les eaux aussi peuvent contenir du feu ; et comme une eau n'est jamais si froide qu'on la puisse dire entièrement privée de chaleur, ils concluaient avec raison qu'il y a du feu dans toutes les eaux. L'Asura qui portait le nom de Vanaspati, maître du bois, quand on l'envisageait dans les substances végétales, pouvait dès lors à juste lifre s'appeler aussi l'Enfant des Eaux, Apâm napât (aquarum nepos, en latin), ou bien Aptya, Purîsin, l'Aquatique, Vêdyuta, le Feu de l'éclair.

Dix jeunes ministres (tes dix doigts) amènent au jour celui qui a plusieurs demeures et qui, plein de gloire, vient briller parmi lrs hommes.

On célèbre sa triple naissance : il naît au sein des libations, dans le Soleil, au milieu des Eaux...

Qui de vous l'a vu, quand il se cache?... Grand et sage il engendre l'eau du nuage, et puis s'élève glorieux au sein des voyageuses...

Pareil à Savitri, il étend au loin ses bras... Il emprunte partout les vapeurs qui composent
son corps éblouissint, et il donne à ses nourrices fécondes des vêtements nouveaux.

Quand ce dieu sage et protecteur élève ainsi dans les airs sa forme brillante, se mêlant aux Eaux voyageuses, il couvre au loin la voûtBi céleste d'une armée de ntiagos, qu'il soutient et qu'il a rassemblés.

Tu ressembles à un roi grand et victorieux, dont les splendeurs s'étendent par tout le ciel qu'il aurait pour palais. 0 Agni, 6 toi qui t'environnes de feux d'une nature glorieuse et invincible, défends-nous, sois notre protecteur.

Il fait du nuage un torrent qui arrose les airs ; il couvre la terre de fIots limpides; dans son sein il conserve tous les germes de l'abondance; il pénètre dansjles plantes nouvelles.

0 Agni purifiant, que notre foyer recueille et nourrit, brille et pourvois à nos besoins...

(Kutsa, I, 183.)...

Essai sur le Vêda
Émile Burnouf





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MessageSujet: Re: AGNI   AGNI EmptyJeu 2 Juil - 17:42:12

" Bornons-nous à un bref aperçu et de l'enveloppe et du noyau de la religion védique.

Rien de plus simple et de plus grand que cette religion, où un profond naturalisme se mêle à un spiritualisme transcendant. Avant le lever du jour, un homme, un chef de famille est debout devant un autel de terre, où brûle le feu allumé avec deux morceaux de bois. Dans sa fonction, ce chef est à la fois père, prêtre et roi du sacrifice. Pendant que l'aurore se dévoile, dit un poète védique, « comme une femme qui sort du bain et qui a tissé la plus belle des toiles », le chef prononce une prière, une invocation à Ousha (l'Aurore), à Savitri (le Soleil), aux Asouras (aux esprits de la vie). La mère et les fils versent la liqueur fermentée de l'asclepias, le sôma, dans agni, le feu.
Et la flamme qui monte emporte aux dieux invisibles la prière purifiée qui sort des lèvres du patriarche et du coeur de la famille.

L'état d'âme du poète védique est également éloigné du sensualisme hellénique (je parle de cultes populaires de la Grèce, non de la doctrine des initiés grecs) qui se représente les dieux cosmiques avec de beaux corps humains, et du monothéisme judaïque qui adore l'Éternel sans forme partout présent.

Pour le poète védique, la nature ressemble à un voile transparent derrière lequel se meuvent des forces impondérables et divines. Ce sont ces forces qu'il invoque, qu'il adore, qu'il personnifie, mais sans être la dupe de ses métaphores.
Pour lui Savitri est moins le soleil que Vivasvat, la puissance créatrice de vie qui l'anime et qui évertue le système solaire. Indra, le guerrier divin, qui sur son char doré parcourt le ciel, lance la foudre et fait crever les nuages, personnifie la puissance de ce même soleil dans la vie atmosphérique, sans « le grand transparent des airs ».

Lorsqu'ils invoquent Varouna ( l'Ouranos des Grecs), le dieu du ciel immense , lumineux, qui embrasse toute chose, les poètes védiques montent plus haut encore. « Si Indra représente la vie active et militante du ciel, Varouna en représente l'immuable majesté. Rien n'égale la magnificence des descriptions que font de lui les Hymnes. Le soleil est son oeil, le ciel son vêtement, l'ouragan son souffle. C'est lui qui a établi sur des fondements inébranlables le ciel et la terre et qui les maintient séparés. Il a tout fait et conserve tout. Rien ne saurait porter atteinte aux oeuvres de Varouna. Nul ne le pénètre ; mais lui, il sait tout et voit tout ce qui est et qui sera. Des sommets du ciel où il réside en un palais aux mille portes, il distingue la trace des oiseaux dans l'air et celle des navires sur les flots. C'est de là, du haut de son trône d'or aux fondements d'airain, qu'il contemple et juge les agissements des hommes. Il est le mainteneur de l'ordre dans l'univers et dans la société ; il punit le coupable ; il est miséricordieux à l'homme qui se repent. Aussi c'est vers lui que s'élève le cri d'angoisse du remords ; c'est devant sa face que le pécheur vient se décharger de sa faute.

Ailleurs la religion védique est ritualiste, parfois hautement spéculative. Avec Varouna, elle descend dans les profondeurs de la conscience et réalise la notion de la sainteté (2).. »

Ajoutons qu'elle s'élève à la pure notion d'un Dieu unique qui pénètre et domine le grand Tout.

Cependant les images grandioses, que les hymnes roulent à larges flots comme des fleuves généreux, ne nous offrent que l'enveloppe des Védas.

Avec la notion d'Agni, du feu divin, nous touchons au noyau de la doctrine, à son fond ésotérique et transcendant. En effet, Agni est l'agent cosmique, le principe universel par excellence.

Il n'est pas seulement le feu terrestre de l'éclair et du soleil. Sa véritable patrie est le ciel invisible, mystique, séjour de l'éternelle lumière et des premiers principes de toutes choses. Ses naissances sont infinies, soit qu'il jaillisse du morceau de bois dans lequel il dort comme l'embryon dans la matrice, soit que « Fils des Ondes », il s'élance, avec le bruit du tonnerre, des rivières célestes, où les Acvins (les cavaliers célestes) l'ont engendré avec des aranis d'or. Il est l'aîné des dieux, pontife au ciel comme sur la terre et il officia
dans la demeure de Vivasvat (le ciel ou le soleil) bien avant que Mathariçva (l'éclair) l'eût apporté aux mortels et que Atharvan et les Angiras, les anciens sacrificateurs, l'eussent institué ici-bas comme le protecteur, l'hôte et l'ami des hommes. Maître et générateur du
sacrifice, Agni devient le porteur de toutes les spéculations mystiques dont le sacrifice est l'objet. Il engendre les dieux, il organise le monde, il produit et conserve la vie universelle ; en un mot il est puissance cosmogonique.

Sôma est le pendant d'Agni.

En réalité c'est le breuvage d'une plante fermentée versée en libation aux dieux dans le sacrifice. Mais comme Agni il a une existence mystique.
Sa résidence suprême est dans les profondeurs de troisième ciel, où Sourya, la fille du soleil, l'a filtré, où l'a trouvé Pushan, le dieu nourricier. C'est de là que le Faucon, un symbole de l'éclair, ou Agni lui-même ont été le ravir à l'Archer céleste, au Gandharva son gardien, et l'ont apporté aux hommes. Les dieux l'ont bu et sont devenus immortels ; les hommes le deviendront à leur tour quand ils le boiront chez Yama, dans le séjour des heureux. En attendant, il leur donne ici - bas la vigueur et la plénitude des jours ; il est l'ambroisie et l'eau de jouvence. Il nourrit, pénètre les plantes, vivifie la semence des animaux, inspire le poète et donne l'élan de la prière. Âme du ciel et de la terre, d¹Indra et de Vishnou, il forme avec Agni un couple inséparable ; ce couple a allumé le soleil et les étoiles (3).

La notion d'Agni et de Sôma contient les deux principes essentiels de l'univers selon la doctrine ésotérique et selon une philosophie vivante. Agni est l'Eternel-Masculin , l'Intellect créateur, l'Esprit pur ; Sôma l'Eternel-Féminin, l'Ame du monde ou substance éthérée, matrice de tous les mondes visibles et invisibles aux yeux de la chair, la nature enfin ou matière subtile en ses infinies transformations (4).
Or, l'union parfaite de ces deux êtres constitue l'Être suprême, l'essence de Dieu.
De ces deux idées capitales en jaillit une troisième, non moins féconde.

Les Védas font de l'acte cosmogonique un sacrifice perpétuel. Pour produire tout ce qui existe, l'Etre suprême s'immole lui-même ; il se divise pour sortir de son unité. Ce sacrifice est donc considéré comme le point vital de toutes les fonctions de la nature. Cette idée,
surprenante au premier abord, très profonde quand on y réfléchit, contient en germe toute la doctrine théosophique de l'évolution de Dieu dans le monde, la synthèse ésotérique du polythéisme et du monothéisme.
Elle enfantera la doctrine dionysiaque de la chute et de la rédemption des âmes qui s'épanouira dans Hermès et dans Orphée. De là jaillira la doctrine du Verbe divin proclamée par Krishna, accomplie par Jésus-Christ.

Le sacrifice du feu avec ses cérémonies et ses prières, centre immuable du culte védique, devient ainsi l'image de ce grand acte cosmogonique. Les Védas attachent une importance capitale à la prière, à la formule d'invocation, qui accompagne le sacrifice.
C'est pour cela qu'ils font de la prière une déesse : Brahmanaspati. La foi au pouvoir évocateur et créateur de la parole humaine, accompagnée du mouvement puissant de l'âme ou d'une intense projection de la volonté, est la source de tous les cultes, et la raison de la doctrine égyptienne et chaldéenne de la magie. Pour le prêtre védique et brahmanique, les Asouras, les seigneurs invisibles, et les Pitris ou âmes des ancêtres sont censés s'asseoir sur le gazon pendant le sacrifice, attirés par le feu, les chants et la prière. La science qui
se rapporte à ce côté du culte est celle de la hiérarchie des esprits de tout ordre.

Quant à l'immortalité de l'âme, les Védas l'affirment aussi hautement, aussi clairement que possible. « il est une partie immortelle de l'homme ; c'est elle, ô Agni qu'il faut échauffer de tes rayons, enflammer de tes feux. O Jatavédas, dans le corps glorieux formé par toi, transporte-la au monde des pieux ».

Les poètes védiques n'indiquent pas seulement la destinée de l'âme, ils s'inquiètent aussi de son origine. « D'où sont nées les âmes ? Il en est qui viennent vers nous et s'en retournent, qui s'en retournent et qui reviennent. » Voilà déjà en deux mots la doctrine de la réincarnation qui jouera un rôle capital dans le brahmanisme et le bouddhisme, chez les Égyptiens et les Orphiques, dans la philosophie de
Pythagore et de Platon, le mystère des mystères, l'arcane des arcanes.

Comment ne pas reconnaître après cela dans les Védas les grandes lignes d'un système religieux organique, d'une conception philosophique de l'univers ? Il n'y a pas là seulement l'intuition profonde des vérités intellectuelles antérieures et supérieures à l'observation, il y a de plus unité et largeur de vue dans la compréhension de la nature, dans la coordination de ses phénomènes. Comme un beau cristal de roche, la conscience du poète védique reflète le soleil de l'éternelle vérité, et dans ce prisme brillant se jouent déjà tous les rayons de la théosophie universelle. Les principes de la doctrine permanente sont même plus visibles ici que dans les autres livres sacrés de l'Inde et dans les autres religions sémitiques ou aryennes, à cause de la singulière franchise des poètes védiques et de la transparence de cette religion primitive, si haute et si pure.

A cette époque, la distinction entre les mystères et le culte populaire n'existait pas. Mais en lisant attentivement les védas, derrière le père de famille ou le poète officiant des hymnes, on aperçoit déjà un autre personnage plus important ; le rishi, le sage, l'initié, dont il a reçu la vérité. On voit aussi que cette vérité s'est transmise par une tradition ininterrompue qui remonte aux origines de la race aryenne.

Voilà donc le peuple aryen lancé dans sa carrière conquérante et civilisatrice, le long de l'Indus et du Gange.

Le génie invisible de Rama, l'intelligence des choses divines, Déva Nahousha, règne sur elle. Agni, le feu sacré, circule dans ses veines.
Une aurore rosée enveloppe cet âge de jeunesse, de force, de virilité.
La famille est constituée, la femme respectée. Prêtresse au foyer, parfois elle compose, parfois elle chante elle-même des hymnes. « Que le mari de cette épouse vive cent automnes », dit un poète. On aime la vie ; mais on croit aussi à son au-delà. Le roi habite un château sur la colline qui domine le village. A la guerre, il est monté sur un char brillant, vêtu d'armes luisantes, couronné d'une tiare ; il resplendit comme le dieu Indra.

Plus tard, quand les brahmanes auront établi leur autorité, on verra s'élever, près du palais splendide du Maharajah ou du grand roi, la pagode de pierre d'où sortiront les arts, la poésie et le drame des dieux, mimé et chanté par les danseuses sacrées. Pour le moment les castes existent, mais sans rigueur, sans barrière absolue. Le guerrier est prêtre et le prêtre guerrier, plus souvent serviteur officiant du chef ou du roi.

Mais voici un personnage pauvre d'aspect et gros d'avenir. Cheveux et barbe incultes, demi-nu, couvert de haillons rouges. Ce mouni, ce solitaire habite près des lacs sacrés, dans les solitudes sauvages, où il se livre à la méditation et à la vie ascétique. De temps en temps, il vient admonester le chef ou le roi. Souvent on le repousse, on lui désobéit ;
mais on le respecte et on le craint. Déjà il exerce un pouvoir redoutable.

Entre ce roi, sur son char doré, entouré de ses guerriers, et ce mouni presque nu, n'ayant d'autres armes que sa pensée, sa parole et son regard, il y aura une lutte. Et le vainqueur
formidable ce ne sera pas le roi ; ce sera le solitaire, le mendiant décharné, parce qu'il aura la conscience et la volonté.

L'histoire de cette lutte est celle même du brahmanisme comme elle sera plus tard celle du bouddhisme et en elle se résume presque toute l'histoire de l'Inde.

(1) Les brahmanes considèrent les védas comme leurs livres sacrés par excellence.
Ils y trouvent la science des sciences.
Le mot véda même signifie savoir. Les savants d'Europe ont été justement attirés vers ces textes par une sorte de fascination.
D'abord, ils n'y ont vu qu'une poésie patriarcale ; puis, ils y ont découvert non seulement l'origine des grands mythes indo-européens, mais encore un culte savamment organisé, un profond système religieux et métaphysique (Voir Bergaigne, La religion des védas, ainsi que le beau et lumineux travail de M. Auguste Barth, les religions de l'inde).
L'avenir leur réserve peut-être une dernière surprise qui sera de trouver dans les védas la définition des forces occultes de la nature, que la science moderne est en train de redécouvrir.

(2) A. Barth. Les religions de l'inde.

(3) Id.

(4) Ce qui prouve indubitablement que Sôma représentait le principe féminin absolu, c'est que les brahmanes l'identifièrent plus tard avec la lune. Or, la lune symbolise le principe féminin dans toutes les religions antiques, comme le soleil symbolise le principe masculin.

"Les grands initiés" E. Schuré

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